Conférence gratuite dans le cadre de l’exposition ” Zemlinsky / Vienne au début du 20e siècle ”.
Par Karl Zieger (Professeur, Département d’Études Germaniques et Littérature comparée à l’Université de Lille 3)
La « modernité viennoise » est devenue une appellation emblématique pour la période d’effervescence culturelle qui a marqué la vie – et la réputation – de la capitale de l’Empire austro-hongrois au tournant du XIXe au XXe siècle. Cet « esprit viennois » apparaît dans pratiquement tous les domaines de la création et de la pensées, de la littérature (avec le célèbre groupe de la « Jeune Vienne » autour de Bahr, Hofmannsthal et Schnitzler) à la médecine, la psychologie et la philosophie (Freud, Wittgenstein), en passant, bien entendu, par la musique. Dans ce domaine, on parle, une centaine d’année après la « Wiener Klassik », d’une « deuxième école viennoise ». Si Alexander von Zemlinsky est aujourd’hui moins connu que d’autres musiciens et compositeurs de ce groupe (Mahler et Schönberg, notamment), il n’a pas moins joué un rôle important dans la vie musicale de cette « Vienne fin-de-siècle ».
La conférence propose de replacer Zemlinsky dans l’ensemble de la « modernité viennoise » et dans les réactions de ses contemporains.
Informations auprès de la Bibliothèque universitaire de l’Université de Lille SHS +33(0)3 20 41 60 00
comment s’y rendre ?
Qui êtes-vous, Zemlinsky ?
« À l’instar de Gustav Mahler, le Viennois Alexander von Zemlinsky (1871-1942) fut reconnu à son époque plus comme chef d’orchestre que compositeur. La montée du nazisme l’obligea à émigrer aux Etats-Unis où, contrairement à d’autres artistes tels que Kurt Weill, Marlène Dietrich ou Fritz Lang, il fut incapable de s’adapter à la vie américaine et mourut oublié, après avoir éprouvé de grandes difficultés matérielles. Ce n’est que très récemment, depuis le début des années 70 et grâce au disque (plusieurs enregistrements de sa Symphonie lyrique), que l’on redécouvre cette figure essentielle des derniers feux de la tradition viennoise, l’héritier de Schubert, Brahms et Mahler. Musicien complet, il est l’auteur de plusieurs partitions destinées à l’orchestre, de recueils de lieder, de quatre quatuors à cordes et de huit opéras (le dernier, Circe, inachevé) son genre préféré.
Le compositeur souhaitait écrire une oeuvre “sur la tragédie d’un homme laid” guidé peut-être par son inconscient… En effet, Zemlinsky souffrait, semble- t-il, d’une disgrâce physique, s’il faut en croire Alma Schindler, son élève, qui le trouvait “comique, petit, sans menton, les yeux protubérants” ; aussi préféra-t-elle épouser Gustav Mahler. D’ailleurs, certains ont vu dans le personnage de l’Infante capricieuse et cruelle le portrait à peine transposé de la belle Alma. » Franck Mallet