À la tête de son Concert d’Astrée, Emmanuelle Haïm poursuit son cycle Monteverdi avec les Vêpres de la Vierge, œuvre grandiose et véritable manifeste du baroque naissant. Ouvrant la voie aussi bien aux oratorios de Haendel qu’aux passions de Bach, Monteverdi cherche à opérer une synthèse entre les courants contraires qui agitent la vie musicale au début du XVIIe siècle. D’un côté, le style ancien avec ses psaumes à la polyphonie à la fois sévère et enivrante, héritée des maîtres de la Renaissance, de l’autre, le style moderne représenté par ses antiennes mariales où les voix solistes sont mises en avant dans une optique plus concertante. Les tourments de l’âme humaine y sont dépeints avec une expressivité accrue, certains passages faisant preuve d’une sensualité presque profane. Face à de telles audaces, on comprend que le Pape Paul V ait fait la sourde oreille aux sollicitations de Monteverdi, venu lui offrir cette œuvre et ses services à l’issue de son séjour à la cour des Gonzague de Mantoue. Ce rêve romain envolé, c’est à Venise et à l’opéra que Monteverdi transportera son théâtre des passions.

Avec

Grace Davidson, Miriam Allan sopranos
Samuel Boden, Jeremy Budd, Joshua Ellicott, Matthew Long ténors
Marcus Farnsworth, Ben Davies barytons
William Gaunt, Jimmy Holliday basses
Le Concert d’Astrée, ensemble en résidence à l’Opéra de Lille.

Claudio Monteverdi (1567-1643) Vêpres de la Vierge (1610) [Vespro della Beata Virgine]