De génération en génération, la confrérie soufie des Derviches perpétue le Samâ, rituel religieux dont l’origine est attribuée au philosophe et poète mystique turc Jalâl al-dîn Rûmî (1207-1273). La tête légèrement inclinée, la main droite levée vers les cieux prête à recevoir la bénédiction, la gauche regardant la terre, embrassant toute l’humanité, toute la création, les interprètes exécutent un mouvement lent et giratoire évoquant la rotation des planètes. Cette danse permet au derviche d’accéder à un état de conscience et de perception modifié, une sorte de transe, pour entrer en communion avec le Divin et la Spiritualité. En symbiose avec la danse, la musique et le chant tiennent une place de choix dans le processus.
La formation accueillie à l’Opéra de Lille réunit des interprètes d’Istanbul et de Damas : huit musiciens, un Dede (« Maître » qui distribue les rôles), un Imam et une quinzaine de danseurs. Leur spectacle articule des extraits de rituels sacrés et des pièces jouées pour des fêtes en alternant séquences codifiées et improvisations libres. Chanteurs solistes, choristes, instrumentistes et danseurs unissent leurs efforts pour favoriser l’expansion de l’être et le développement de ses capacités créatrices. Une séance de Derviches Tourneurs réalise la fusion du passé dans le présent, du macrocosme dans le microcosme, de l’âme dans le corps. Que l’on soit acteur ou spectateur, l’expérience est indéniablement extatique.